Pierre Vérots

Pierre Vérots pendant et après la guerre

Pierre Vérots le Fondateur

Pendant la guerre de 1914-18, Pierre VEROTS, qui n’avait pas encore 20 ans mais qui était passionné de mécanique, fut engagé comme mécanicien dans l’aviation militaire.

Après-guerre et ses études achevées, il créa une entreprise qu’il destina à la mécanique de haute précision. Il était installé à Villeurbanne, rue du 4 août.

Il travaillait essentiellement pour la Défense nationale. Son entreprise fut rapidement très prospère. Il l’avait équipée des machines les plus modernes qu’il avait pu acheter aux USA. A l’époque, dans les années 30, il n’y avait pas encore de lignes aériennes transatlantiques. Il prenait le paquebot Normandie qui était alors le moyen de transport le plus rapide sur l’océan Atlantique, confiant pendant ce temps la gestion des ateliers à un de ses principaux collaborateurs.

C’était un patron rigoureux et exigeant mais qui savait gagner la confiance de son personnel par une direction compréhensive et généreuse. Beaucoup, pour cela, lui étaient très attachés.

Pierre Vérots pendant l’ocupation…

Pendant l’Occupation, il se refusa à travailler pour les Allemands et reconvertit immédiatement ses ateliers vers des fabrications civiles. Cela permettait en même temps de conserver un emploi à l’ensemble du personnel.

C’est à cette occasion qu’il imagina de fabriquer un moteur à essence auxiliaire pouvant équiper n’importe quelle bicyclette, les automobiles étant reléguées dans les garages, faute de carburant en quantité suffisante. Il le fit conjointement avec Pierre ANDRIOT (1885-1945), mari de sa cousine germaine Elise VEROTS. Pierre ANDRIOT était lui-même ingénieur spécialiste des carburateurs dans l’aviation et dans l’automobile.
La carburation était alors un des gros problèmes des moteurs à explosion, a fortiori pour un aussi petit moteur encore jamais construit : 0,5 CV qui devait consommer le moins d’essence possible, une essence par ailleurs médiocre, coupée plus ou moins d’alcool.

Ainsi naquit le moteur VAP, acronyme issu de Vérots-Andriot-Pierre, Pierre étant leur prénom commun. Quelques années plus tard apparut, après-guerre, Vélosolex, qui reprit l’idée, mais qui dut éviter une simple copie, qui lui aurait été interdite par les brevets pris.
Rappelons en effet que le moteur VAP était monté sur l’axe de la roue arrière et s’engrenait sur une couronne dentée fixée à cet effet sur les rayons de la roue du vélo. Vélosolex dut se contenter de la roue avant, au sommet de cette roue, ce qui remontait le centre de gravité au détriment de la stabilité du vélo. De plus le moteur du Vélosolex entraînait la roue avant par frottement sur le pneu, ce qui l’usait, et il rejetait les gaz d’échappement sous le nez du conducteur au lieu de les rejeter à l’arrière de ce dernier.

Mais, après la fin de la guerre, Pierre VEROTS se lança dans la fabrication des groupes-compresseurs pour réfrigérateurs et céda la conception et la marque du VAP à un autre industriel. Après la guerre, le public aspirait en effet à s’équiper d’appareils électrodomestiques, et en premier lieu de « frigidaires », dont la mode arrivait des USA. Or pour avoir des compresseurs fiables, sans fuites, il fallait une production de mécanique de haute précision à un prix acceptable. Pierre VEROTS savait faire.

Toujours à l’affût des nouveautés, il se lança un peu plus tard dans la construction de machines permettant de mettre en œuvre les matières plastiques par extrusion ou compression, technique alors toute neuve.
Il avait désormais deux usines, celle de la rue du 4 août et une nouvelle usine, rue Paul Verlaine, toujours à Villeurbanne.
L’âge venant, nous étions dans les années 60, il prit sa retraite en cédant son entreprise. Il n’avait pas en effet de successeur possible dans sa famille.

Portrait de Pierre Vérots et son épouse

Pierre VEROTS était un homme calme, réfléchi, mais avec un regard perspicace, perçant même, qui ne laissait rien échapper. Une de ses qualités était sans aucun doute de voir à travers quelques indices inaperçus des autres ce qui pourrait être porteur d’avenir. Même à 80 ans, il continuait à se tenir au courant des dernières techniques.

Il était certainement dur en affaire mais parfaitement honnête. Sa réussite tenait aux choix qu’il avait su faire, en avance sur ses concurrents.

Sa fortune fut assez rapidement faite puisque, dès avant-guerre, il s’était installé dans un appartement confortable quai général Sarrail à Lyon, face à la colline de Fourvière, avait acquis une très belle propriété à Trévoux et une villa au Mont Borron, à Nice, où il avait également un magnifique bateau à voile, tout d’acajou, entretenu à l’année par un marin sur le vieux port. Il finit même par se faire construire, en fonction de l’expérience qu’il avait acquise dans ce domaine, un voilier encore plus performant.

Pierre et gabrièle Vérots sur leur voilier en 1950 avec Jean Andriot
Pierre et Gabrièle Vérots sur leur voilier en 1950 avec Jean Andriot.

Pierre VEROTS déménagea quelques années plus tard dans une villa située sur la Moyenne Corniche, à Villefranche sur Mer. Il y appréciait la vue sur la baie de Villefranche et même sur la Corse par temps clair.

Avec l’âge les VEROTS se replièrent dans un appartement situé au centre de Nice. Puis ils n’habitèrent plus non plus le quai Sarrail à Lyon, qu’ils conservèrent toutefois. Ils achetèrent en effet un appartement dans une résidence d’un type nouveau à l’époque : les Euménides où ils pouvaient bénéficier d’un soutien logistique et médical assuré jour et nuit.

Pierre et Gabrièle Vérots en 1950

Sa femme, Gaby, était également une femme active et une femme de tête. Elle le seconda certainement efficacement, mais elle se plaisait à souligner que son mari ne devait sa réussite qu’à lui seul.
C’était, avant-guerre, un ménage sportif puisqu’ils allaient régulièrement faire du ski dans les Alpes, à une époque où le ski n’était pas encore très répandu. Ils faisaient par ailleurs régulièrement des voyages dans des pays exotiques, comme l’Afrique ou l’Asie.

Pierre VEROTS était également chasseur et c’est pour cela qu’il acquit Praillebard immédiatement après la guerre. Cela lui permettait d’entretenir des relations d’affaire en lançant des invitations à une partie de chasse.
Mais avec l’âge, et surtout le retrait des affaires, il s’intéressa plutôt à l’observation de la nature et de son immense richesse, percevant déjà l’intérêt qu’il y aurait à la protéger dans l’avenir.
Cela étant, les VEROTS menèrent, pendant toute leur vie, une vie très simple et discrète, sans réception tapageuse et sans train de vie ostentatoire. Ils n’eurent malheureusement pas d’enfants. Mais Pierre VEROTS s’impliqua dans la formation professionnelle des jeunes. Il avait à ce titre reçu les palmes académiques. Et à l’autre bout de la chaîne, il se préoccupa des anciens en donnant l’usine de la rue du 4 août à la ville de Villeurbanne pour en faire un centre d’accueil pour les vieux.

Pierre VEROTS décéda en 1985, à l’âge de 87 ans. Gaby VEROTS lui survécut quelques années et mourut en 1993 à l’âge de 93 ans.

Jean ANDRIOT
Membre de la famille
Président d’honneur de la Fondation Pierre Vérots